Notre escapade en Patagonie touche à sa fin. Après El Calafate et son magnifique glacier le Perito Moreno, nous faisons route pour Ushuaia, la ville du bout du monde.

L’arrivée en Terre de Feu…

Quand on voyage par voies terrestres, la Terre de Feu est un endroit qui se mérite. Depuis El Calafate le trajet est un véritable parcours du combattant. Il faut enchaîner deux bus, avec un changement à Rio Gallegos. Le premier part de la gare d’El Calafate à 3h du matin et arrive 4 heures plus tard. Rien d’incroyable à signaler sur ce tronçon, surtout que vue l’heure, ça pionce sec dans le bus. Après 2h30 d’attente à la gare de Rio Gallegos, nous montons dans notre deuxième bus, direction Ushuaia. C’est là que le périple commence.

La Terre de Feu est divisée entre le Chili et l’Argentine. Et la partie argentine est complètement isolée du reste du pays. Donc, si vous avez bien suivi, nous allons devoir passer au Chili. Puis repasser en Argentine. Soit quatre postes frontières en tout. Mais la Terre de Feu elle-même est aussi isolée du reste du continent ! Et au milieu, il y a le fameux détroit de Magellan. Sur lequel il n’y a pas de pont. Donc on traverse avec un ferry, en prenant bien soin de prendre le même que son bus, pour pouvoir remonter dedans après.

En fin de journée ?

Mais si ça n’était que ça, ce serait trop simple me diriez-vous. Alors on va rajouter un peu de conditions climatiques pour s’amuser. Quand il y a trop de vent, c’est trop dangereux de faire la traversée. Et en Patagonie et en Terre de Feu, donc la tiers sud du continent à peu près, il y a énormément de vent. Comme par hasard ! Du coup, à notre arrivée sur la rive nord du détroit de Magellan, vers 13h30, le chauffeur nous dit calmement « la traversée est fermée, on va devoir attendre ». Vu qu’on attend que le vent se calme, on ne sait évidemment pas combien de temps ça prendra. Mais le chauffeur nous rassure tout de go : « habituellement le vent se calme vers 19/20h ».

La nuit ?

Vu qu’on n’a rien d’autre à faire, on sort du bus pour voir les alentours. Il y a vraiment trop de vent et rien à voir à part un petit restaurant pris d’assaut, alors on ne reste pas longtemps dehors. Mais la scène est assez surréaliste. Deux immenses files de voitures, camions et bus s’étendent depuis le quai jusqu’à perte de vue. Et le plus impressionnant, pour un français tel que moi, c’est que personne ne s’énerve. On a vraiment l’impression que le temps s’arrête, que les gens avaient prévu cet après-midi perdue ici, au fin fond du monde.

A l’aube !

Vers 17h, l’espoir renait, mais il ne s’agissait que d’une fausse alerte. Ce n’est que vers 20h que le premier ferry commence à s’approcher enfin. Nous allons monter dans le second, vers 21h. Après une très courte traversée, presque décevante (tout ça pour ça ?) on reprend la route. Le retour en Argentine se passe en pleine nuit, autour de minuit. L’arrivée à Ushuaia sera un peu avant 5h du matin. Heureusement, nous avons pu tenir au courant notre hôte de notre situation et dans une gentillesse infinie elle s’est réveillée pour nous accueillir devant l’appartement que nous avons loué. Nous nous couchons avec le lever du jour. La nuit sera courte mais malgré tout réparatrice, après nos quelques 26 heures passées en bus. Sans même se le dire, nous avons décidé de consacrer notre première journée à Ushuaia à la découverte de la ville. Les randonnées attendront un peu.

Comment y aller : Bus Marga Taqsa depuis El Calafate • 3800 ARS / personne (55€) • Départ : 3h00 • Changement à Rio Gallegos • Arrivée prévue à 20h

Prononcez Oussouaya

Alors, à quoi ressemble la ville du bout du monde ? Et bien à rien d’extraordinaire. La ville en elle-même n’a vraiment rien de particulier. La rue principale, l’avenue San Martin, parallèle au canal de Beagle, rassemble tous les commerces pour touristes. Vous pourrez trouver ici de quoi vous équiper pour randonner, pour faire du sport, pour ramener des souvenirs ou pour manger un bout. La rive de ce canal regroupe des agences de croisières, la pancarte « Fin del Mundo » et une promenade pour se balader quand il fait beau. Le reste est essentiellement résidentiel et par endroit fait de bric et de broc.

Mais l’ambiance « fin du monde » a fonctionné à merveille sur moi (bon, même si le vrai bout du monde est Puerto Williams au Chili, mais chut). Le fait de savoir qu’il s’agissait de la fin du continent sur lequel nous avons voyagé pendant plus de trois mois, mais aussi de l’extrêmité sud du monde habité, a donné une atmosphère vraiment particulière à ce séjour. Je pense que soit on est porté par cette ambiance et on aime Ushuaia, soit on ne l’est pas et on n’aime pas plus que ça. L’attente de notre prochaine étape a joué également, je dois bien l’avouer (roh le teaser pour la suite).

Mais la Terre de Feu regorge avant tout de sentiers de randonnée et de coins à explorer.

Cerro del Medio

Cette randonnée nous fait grimper jusqu’à un point de vue imprenable sur Ushuaia et le canal de Beagle. Et elle bénéficie également d’un avantage non négligeable, qui est de démarrer depuis la ville même. Pas besoin de prendre un transport hors de prix ou de faire du stop comme pour la quasi-totalité des autres sentiers du coin. Durant la randonnée, nous progressons successivement à travers une forêt assez surprenante et sur les flancs arides de la montagne.

Comment y aller : départ du sentier sur la rue Isla de los Pajaros (il est indiqué sur Maps.me) • Distance : 10km A/R • Dénivelé : 800m • Durée : environ 5h A/R

Parque nacional Tierra del Fuego

Ce parc est l’attraction terrestre principale du coin. Pour les bonnes raisons qu’il est magnifique et accessible à tous. Plusieurs sentiers de randonnée sont disponibles, allant de la balade le long du canal jusqu’à l’ascension du Cerro Guanaco. Nous avons opté pour le Senda Costera, un chemin de 8km qui longe l’eau et au fil duquel les plages succèdent aux baies. Attention par contre, le parc étant très populaire et accessible, il est par conséquent très fréquenté. Mais ça vaut quand même la peine. Nous y étions début février, donc en grosse saison, et nous n’avons pas croisé énormément de monde non plus sur notre sentier. Beaucoup de touristes optent pour des tours véhiculés et se déplacent de parkings en parkings en minivan, aux quatre coins du parc.

Comment y aller : Minibus à prendre au terminal de bus (900 ARS l’aller/retour par personne) ou en stop • Horaires des transports : Départs à 10h / 11h / 12h / 14h – Retours à 13h / 15h / 17h • Tarif : 560 ARS par personne

Sur Terre

Nous n’avons pas fait les autres randonnées connues autour d’Ushuaia, mais nous avons relevé les tarifs des navettes pour y aller. Vu que j’ai l’impression que ça change très fréquemment, voici les prix de février 2020. Elles sont toutes à prendre au terminal de bus. Nous n’avons pas testé, mais on nous a dit à plusieurs reprises que le stop fonctionne bien pour se déplacer également.

  • Los Tempano : 500 ARS / personne (7,50€)
  • Laguna Esmeralda : 600 ARS / personne (9€)
  • Las Cotorras : 700 ARS / personne (10,30€)
  • Glacier Martial : 400 ARS / personne (6€)
  • Lago Fagnano : 2000 ARS / personne (30€)

Ou en mer

Ushuaia est également le point de départ de nombre de croisières, qui vont de quelques heures sur le canal de Beagle à plusieurs jours, voire semaines pour des destinations bien plus éloignées.

Entre novembre et mars, si vous avez un calendrier flexible et un peu d’argent de côté, vous pourrez faire le tour des agences de tourisme (comme Freestyle Adventure) pour vérifier les prix de dernière minute des croisières en Antarctique. Des bateaux partent fréquemment sur cette période et il y a souvent des places restantes ou des désistements à combler. Comptez quand même 5000€ au bas mot par personne pour 11 jours. Novembre et mars sont les deux mois les moins chers, mais aussi avec les conditions météorologiques les moins intéressantes. En début de saison, beaucoup d’endroits sont encore pris par les glaces et donc inatteignables.

Où manger

Macropolo Freelife

Ce café-restaurant est situé en plein coeur du centre-ville, sur l’avenue San Martin. Il propose un menu du jour, des plats à la carte, des boissons chaudes ou froides ainsi que des sandwichs, salades ou desserts à emporter. Quelques places avec prises électriques et ports USB, façon post de travail, sont disponibles et en font un endroit parfait pour passer quelques heures entre deux hôtels ou en attendant un bus.

Dublín

Comme son nom l’indique, c’est le pub irlandais d’Ushuaia. Vous pourrez retrouver des trucs typiques de pubs irlandais, comme de la bière ou des burgers. Ils ont entre autre la bière locale, la Beagle, dont l’IPA n’est pas mal du tout.

Où dormir

Nous avons testé deux logements durant notre séjour à Ushuaia. Le premier est un appartement composé d’une grande pièce avec deux lits simples et une cuisine, ainsi qu’une salle de bain. Situé au 592 Monseñor Fagnano, il faut compter environ 10 minutes à pied pour arriver sur l’avenue San Martin. Nous avons payé environ 45€ la nuit. Mention spéciale pour Claudia qui s’est relevée à 4h30 du matin pour nous accueillir après notre périple en bus.

Nous devions rester une nuit supplémentaire alors nous avons réservé au dernier moment une chambre chez Ana via airBnb pour 23€. Sa maison est située sur les hauteurs et dispose d’une vue sympathique sur Ushuaia. Le trajet pour le centre-ville est un peu plus long par contre, il faut compter 15-20 minutes, avec une bonne partie en montée pour retourner au logement. La cuisine est en libre accès et on a pu laisser nos sacs après le check-out pour se balader plus léger.