Le Monténégro est un pays aussi beau qu’il est petit. En 2016, nous avons eu le temps de faire une belle boucle en seulement 8 jours et un seul plein d’essence. Vous pouvez aisément y passer plus de temps tant les paysages du nord et les cités fortifiées de la côte sont magnifiques, mais vous aurez déjà un bel aperçu avec cet itinéraire.

Quand partir ?

La côte adriatique est prise d’assaut l’été, tandis qu’elle se vide et ferme en grande partie l’hiver. Les montagnes du nord sont très fréquentées de décembre à mars pour le ski.

Nous y sommes allés au milieu du mois de mai, au tout début de la saison touristique. L’avantage est qu’il n’y avait vraiment pas grand monde et que les prix étaient assez bas, mais tout n’était pas encore ouvert par endroit. Le temps était incertain, mais a fini sur du très beau et chaud. Si c’était à refaire, je partirais un tout petit peu plus tard dans l’année, début juin par exemple.

Le monténégrin et l’alphabet cyrillique

Indépendant depuis 2006, le Monténégro adopte comme langue officielle le monténégrin en 2007 afin notamment de s’affirmer comme état autonome et se démarquer de la Serbie. Le monténégrin est une variété standard du serbo-croate, tout comme le serbe, le croate et le bosniaque, les autres langues officielles du Monténégro, ce qui veut dire que les locuteurs de ces différentes langues se comprennent entre eux. La différenciation est plus culturelle que linguistique. L’alphabet le plus utilisé au Monténégro est le cyrillique. Je vais préciser tout au long de cet article l’orthographe cyrillique des lieux car c’est sous cette forme que vous les verrez le plus souvent. L’alphabet latin est de plus en plus utilisé, mais avec quelques lettres spécifiques aux prononciations inattendues. Voici un petit guide de prononciation monténégrine, avec un peu de vocabulaire de survie, pour que vous puissiez vous faire comprendre plus facilement des autochtones.

Prononciation

Vocabulaire à connaître

Da / Ne = Oui / Non • Zdravo = Salut • Pivo = Bière • Molim = S’il vous plait • Hvala = Merci • Oprostite = Pardon
Bonus imprononçable = Nikšićko, la bière nationale

Le Monténégro en 11 étapes

Ces étapes sont listées dans l’ordre de notre itinéraire. Il ne s’agit aucunement d’un classement, sinon je n’aurais clairement pas mis Kotor en dernier. Ni Podgorica en premier.

Podgorica

Подгорица

La capitale du Monténégro ne donne pas vraiment envie de s’y attarder. Sans être moche, elle n’est pas très attirante. Si vous êtes pressé par le temps, n’hésitez pas à partir directement à l’aventure. C’était le point de départ et d’arrivée de notre boucle, mais nous n’y avons passé que très peu de temps. Une alternative intéressante pour visiter le Monténégro est d’arriver à Dubrovnik, une superbe ville à l’extrême sud de la Croatie, et de passer la frontière à Herceg Novi pour commencer par les magnifiques Bouches de Kotor. Attention aux locations de voiture si vous prenez cette option, certains refusent le passage de la frontière, d’autres font payer un supplément. Il existe des liaisons en bus entre Dubrovnik et Herceg Novi.

Monastère d’Ostrog

Манастир Острог

Ce monastère est encastré dans la paroi à pic d’une falaise du mont Ostrog, située au cœur du pays. Il s’agit d’un édifice de l’Église orthodoxe serbe construit au XVIIe siècle et dédié à Saint Basile d’Ostrog. C’est un lieu de pèlerinage très important dans les Balkans ou des croyants du monde entier viennent prier devant les reliques de Saint Basile. Mais même si vous n’êtes pas croyant (ce qui est mon cas), ce monastère d’Ostrog reste un immanquable du Monténégro. Que ce soit du bas de la falaise ou depuis la place devant l’entrée du monastère, vous resterez comme deux ronds de flan devant la beauté des lieux.

Une nouvelle route a été construite récemment, qui facilite l’accès. Si vous venez de Podgorica, vous ne pourrez pas vous tromper. Suivez les panneaux qui vous font bifurquer à Danilovgrad (Даниловград), jolie petite ville dans laquelle vous pouvez faire une halte pour en visiter le centre. L’ancienne route du monastère est très étroite, en mauvaise état et réputée comme assez dangereuse. Deux aires de stationnement sont disponibles, la première au monastère inférieur, à 2km en contrebas, pour les férus de randonnée, et la deuxième en haut, à seulement 200 mètres de l’entrée (gratuite). Si vous voulez passer la nuit sur place, des tapis de sol sont fournis aux pèlerins qui veulent dormir devant le monastère l’été.

Parc national du Durmitor

Дурмитор

Situé dans les montagnes du nord-ouest du Monténégro, le parc national du Durmitor est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1980. Ses pics et canyons vertigineux, ses lacs glaciaires et ses pins noirs en font un parc magnifique et impressionnant. Le centre de visiteurs, à l’entrée, pourra vous conseiller sur les nombreuses randonnées de tous niveaux. Ne manquez pas le court sentier de 3,6km qui fait le tour du lac Noir (črno jezero), le plus grand et le plus facile d’accès des dix-huit lacs du parc. Pour les randonnées plus longues ou plus hautes, renseignez-vous bien sur le climat, qui peut changer rapidement surtout si vous vous attaquer à un des nombreux pics à plus de 2000 mètres d’altitude.

Le plus pratique est de loger à Žabljak (Жабљак). C’est une petite ville aux allures de station de ski, avec pas mal de solutions d’hébergement et quelques restaurants. Le parc et le lac Noir sont accessibles à pied facilement. L’entrée du parc est payante, comptez 3€ par personne.

Sur la route du départ en direction de l’est, nous avons fait un arrêt sur le pont de Djurdjevica (Most na Đurđevića Tari — Мост на Ђурђевића Тари), qui surplombe les gorges de la Tara. Ce canyon, le plus profond d’Europe, est un repère d’activités à sensations fortes, comme la tyrolienne ou le rafting.

Monastère de Morača

Манастир Морача

Au sud de Kolašin se trouve le monastère Morača. Il fut construit au XIIIe siècle et est composé de plusieurs bâtiments. Dans les deux églises sont encore exposées des fresques impressionnantes et des icônes témoignent des différentes époques qu’a traversées ce monastère. La route entre le monastère Morača et Podgorica longe le canyon de la rivière Morača. Les vues sont époustouflantes. N’hésitez pas à vous arrêter sur les différentes aires de stationnement pour apprécier au mieux le paysage.

Lac de Skadar

Skadarsko jezero — Скадарско језеро

C’est le plus grand lac des balkans. Il est coupé en deux entre le Monténégro et l’Albanie et la partie monténégrine du lac est un parc national et une grande réserve aviaire. Certaines parties sont littéralement recouvertes de nénuphars, dont les fleurs éclosent en mai. Seule une rue aquatique laisse passer les petites embarcations qui naviguent sur ses eaux.

Nous nous sommes basés dans la minuscule ville de Virpazar (Вирпазар), sur la route entre Podgorica et la côte adriatique. Le centre-ville est mignon, mais on en fait le tour en environ 6 minutes. Attention aux locaux qui viendront vous aborder à peine descendus de votre voiture pour vous proposer une chambre, une balade en bateau ou un restaurant. Dites leur que vous avez déjà tout réservé (même si c’est faux) et ils vous laisseront rapidement tranquille. Si besoin, l’office de tourisme est situé juste à côté du pont.

A moins d’un kilomètre se trouve la forteresse de Besac (1€). Construite par les turcs au XVe siècle et utilisée entre autres comme prison italienne lors de la seconde guerre mondiale, elle a été restaurée récemment. La visite n’est pas longue, mais le haut de la forteresse offre une jolie vue sur la ville et le lac.

Nous avons logé chez Draga, une habitante qui a quelques chambres avec vue sur le lac à la sortie de la ville, et qui accueille les voyageurs avec un grand sourire et un verre de tord-boyaux local. Nous sommes passés par elle pour réserver notre tour du lac en bateau. Le prix est fixé pour l’embarcation, donc plus vous serez dessus, moins vous paierez par personne. Nous avons recruté un couple de français croisé lors de la visite de la forteresse pour partager les frais.

Stari Bar

Стари Бар

En monténégrin, stari veut dire vieux. Vous retrouverez souvent ce mot pour désigner les vieux centre-villes, bien plus intéressants à visiter que les villes nouvelles. Ici, la ville de Bar fondée en 1908 n’a pas grand chose à vous proposer, si ce n’est des ferries pour l’Italie. Stari Bar, en revanche, mérite le détour. Initialement nommée Antivari en raison de sa localisation à l’opposé de la ville italienne de Bari par rapport à la mer adriatique, l’ancienne cité de Stari Bar est maintenant en ruines et ouverte au public (2€). Nous avons passé la matinée à visiter ses murs, sa forteresse, ses églises et les fondations de sa cathédrale, avant de nous poser sur la terrasse d’un des nombreux restaurants sur les magnifiques rues piétonnes qui bordent la cité.

Sveti Stefan

Свети Стефан

Une des photographies les plus célèbres du Monténégro montre le minuscule village fortifié de Sveti Stefan. Il faut dire que le panorama est exceptionnel : le village est construit sur un îlot et relié au continent par un pont en pierres sur un isthme sableux qui s’est formé avec le temps. Mais aussi beau cette île soit elle, vous ne pourrez que l’admirer de l’extérieur. A moins d’être très riche, car elle a été privatisée et est maintenant un complexe hôtelier luxueux et seuls ses clients ont le droit de traverser le pont. Vous devrez rester dans la ville nouvelle, sur le rivage. Ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose, car les logements en hauteur offrent une vue imprenable sur l’île. Si vous êtes véhiculés, mieux vaut laisser la voiture en haut car les rues sont étroites et les places très rares.

Budva

Будва

Comme pour Bar, la ville de Budva est moderne et inintéressante. Encore une fois, seule la vieille ville (stari grad) vaut le déplacement. Cité fortifiée vieille de 2500 ans, ses ruelles étroites et pavées de marbre forment un dédale dans lequel se cachent des églises, un musée, mais surtout des restaurants et des boutiques. La vieille ville a été reconstruite suite aux tremblements de terre de 1979 et est maintenant quasiment totalement dédiée au tourisme. Mais la beauté des lieux vaut vraiment le coup.

Bouches de Kotor

Boka Kotorska — Бока Которска

Star du Monténégro, il s’agit d’un ancien canyon maintenant noyé sous les eaux. La région de Kotor est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis les tremblements de terre de 1979. Nous nous sommes basés dans la ville de Kotor, à proximité de la sublime vieille ville fortifiée. On y sent la forte influence de Venise, traces de la domination vénitienne qui dura plusieurs siècles. Comme à Budva, de magnifiques monuments anciens se mélangent aux ruelles pavées et aux terrasses de restaurants. Mon meilleur conseil pour visiter Kotor est de déambuler au hasard. La vieille ville n’est pas grande, vous allez rapidement reconnaître des ruelles ou des places, notamment la sublime place d’Armes (Trg od Oružja — Трг од оружја).

Pour avoir une vue imprenable sur les bouches de Kotor, il faut faire chauffer ses mollets et gravir les 1350 marches des remparts pour atteindre le sommet de la forteresse. Allez-y le matin, pour que le soleil soit supportable et n’oubliez pas de prendre suffisamment d’eau. L’entrée payante (2€) se situe au niveau de la place de la Salade (Trg od Salate).

Une route longe l’eau autour des différents golfes que composent les bouches de Kotor, entre l’aéroport de Tivat et Herceg Novi à la frontière croate. Nous n’avons pas pris le temps d’aller suffisamment loin sur cette route, mais la ville de Perast est réputée comme incontournable.

Les bouches de Kotor offrent un paysage de rêve, mais ne sont pas vraiment faites pour la baignade. Quelques plages existent quand même sur la péninsule de Luštica (Луштица), le dernier rempart avant la mer adriatique. Cette péninsule est bien plus sauvage et une route permet d’en faire le tour, en passant par de jolis villages et des champs d’oliviers.

Parc national du Lovćen

Национални парк Ловћен

Depuis Kotor, nous sommes passés par la sublime route Serpentine pour rejoindre le parc du Lovćen (entrée : 2€). Ses 25 lacets resserrés sur 17km offrent des panoramas fabuleux sur les bouches de Kotor. Mais évitez de regarder la vue lorsque vous conduisez car la route est très étroite et les croisements de véhicules, surtout de bus, sont assez délicats.

Le mausolée de Petar II Petrović-Njegoš (Маузолеј Петра II Петровића Његоша) est perchée au sommet du pic Jezerski et offre une vue magnifique. A condition de grimper les 461 marches qui le séparent du parking. Vous pouvez vous balader au sommet et devant le mausolée gratuitement, mais son entrée est payante. Pour 3€, vous aurez accès à l’intérieur du mausolée, mais aussi à la plateforme panoramique de l’autre côté.

Cetinje

Цетиње

La dernière étape de notre tour nous emmène à Cetinje, la capitale historique du Monténégro. La jolie place piétonne Dvorski Trg est parfaite pour se poser à l’une de ses nombreuses terrasses de restaurants ou de café. En fonction de votre appétence pour les musées, la visite de la ville peut être très rapide, en se limitant au centre-ville, ou très longue, en visitant ses nombreux musées et son monastère.

Sur la route pour Podgorica, nous avons fait une courte escale dans le petit village Rijeka Crnojevića (Ријека Црнојевића). A l’embouchure de la rivière du même nom et du lac Skadar, le principal attrait de ce village est son pont en pierre construit au milieu du XIXe siècle. La petite route qui y mène offre aussi de jolis points de vue sur les méandres de la rivière.

J’ai vraiment adoré ce pays, tant pour ses paysages et son histoire que pour sa population très accueillante. Et je ne serais vraiment pas contre y retourner pour m’enfoncer plus profondément dans le parc du Durmitor, qui mérite qu’on lui consacre facilement une semaine.