Oui, vous avez bien lu. Voyager en Antarctique est tout à fait possible et le tourisme y est même en vogue. Si vous aimez le froid, les paysages purs, les animaux et l’aventure, le continent blanc est fait pour vous. Si vous voulez voir à quoi ressemble une croisière de ce type, je vous invite à lire mon récit de notre aventure de 11 jours en février 2020. Je vais tâcher ici de répondre au maximum de vos questions pour préparer au mieux votre départ en direction du pôle sud.

Quand partir ?

Première chose à savoir : l’Antarctique n’est pas accessible toute l’année. Le tourisme n’existe que sur une période autour de l’été de l’hémisphère sud, allant de novembre à mars. Le reste du temps, vous n’avez pas envie d’être en Antarctique.

En début et fin de saison, les prix sont moins élevés, mais les conditions météorologiques sont différentes. En novembre et décembre, les glaces sont encore très présentes et beaucoup de sites sont inaccessibles. Attention, ça ne veut pas dire que le voyage sera moins bien. Les itinéraires sont de toute façon toujours faits en temps réel, en fonction du temps, de la mer, des icebergs… Ca veut simplement dire que vous ne pourrez pas aller autant au sud qu’en janvier ou février, les deux mois de haute saison.

Le mois choisi a également un impact sur les animaux que vous verrez. En novembre, c’est la saison de nidification des manchots. Donc si vous voulez voir des poussins courir après leurs parents, visez un peu plus tard. Sur la fin de la saison, certains animaux auront déjà entamé leur migration vers des eaux plus chaudes.

Choisir son trajet

Il y a une multitude de voyage différents pour le septième continent, vous emmenant plus ou moins loin, pendant plus ou moins longtemps.

Le trajet « classique » dure 11 jours et vous emmènera sur les îles Shetland du Sud ainsi que sur la péninsule Antarctique. C’est l’itinéraire que nous avons choisi. Des options avec quelques jours de plus existent, et peuvent vous emmener sur la mer de Weddell ou par delà le cercle polaire, encore plus au sud.

Des parcours d’environ 20 jours passent par les îles Falklands, la Géorgie du Sud et les îles Shetland du Sud. Des départs depuis Puerto Madryn en Argentine ou Montevideo en Uruguay sont possibles, en rajoutant quelques jours.

Ci-dessous, vous trouverez des exemples d’itinéraires du site de l’agence de tourisme Freestyle Adventure Travel.

Choisir sa compagnie

Plusieurs compagnies proposent des croisières en Antarctique, à différents niveaux de prestation, de prix et de confort. Le premier point est de s’assurer que la compagnie fasse bien partie de l’organisme IAATO, International Association of Antarctica Tour Operators, ou en français, l’association internationale des voyagistes antarctiques. Le but de cette association est de coordonner les activités touristiques et de s’assurer que les voyagistes ne font pas n’importe quoi. Les compagnies membres sont tenues de respecter le Traité sur l’Antarctique et toutes les réglementations qui s’y rattachent. Entre autres sont inclues une limitation à cent personnes sur les zones de débarquement, des règles sur le traitement des déchets, sur la sécurité technique, sur les risques naturels, etc…

Choisir sa compagnie veut également dire choisir son bateau. Parmi les critères pouvant faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre, on retrouve :

• Le nombre de passagers à bord. La IAATO limite l’accès aux sites de débarquement à 100 personnes. Si vous êtes plus nombreux, vous devrez effectuer un roulement. En général les compagnies le gèrent bien, mais ça peut être un critère de sélection. De plus, moins il y a de personnes à bord, plus l’ambiance sera intimiste.
• La langue parlée. Chez la compagnie américaine Polar Latitudes, c’est l’anglais. Pour plus de confort linguistique, dirigez-vous vers la compagnie nantaise Ponant. Je vous conseille de bien vérifier quelle langue sera utilisée à bord, car il y a également (au moins) une compagnie chinoise.
• Le niveau de confort. Et plus particulièrement les technologies de stabilité du bateau, qui seront bien appréciables dans le passage de Drake. Certains navires plus récents disposent d’aides électroniques atténuant les sensations de roulis et de tangage.

Nous avons opté pour la compagnie Polar Latitudes, qui se positionne dans une gamme luxe. Les compagnies haut de gamme incluent une voire deux nuits d’hôtel à Ushuaia et certaines proposent même l’aller-retour en avion depuis Santiago. Le service à bord est incroyable et les guides très compétents et passionés.

Je ne me prononce pas pour les compagnies moins chères étant donné que je n’ai pas testé leurs services.

Et le respect de la nature dans tout ça ?

Et bien c’est une très bonne question. On parle quand même d’un continent non habité et peu marqué par l’activité humaine. Que se passera-t’il si des milliers de touristes débarquent sur ses côtes tous les jours, pendant des décennies ?

Comme j’en parle dans le paragraphe précédent, l’organisme IAATO s’assure que l’impact du tourisme soit le plus léger possible. Des règles très strictes sont mises en place et les guides sont formés à respecter au maximum la faune local et à éduquer les touristes. Ceux que nous avions à bord de l’Hebridean Sky sont en tout cas des amoureux de l’Antarctique avant d’être des guides touristiques, donc ils feront tout pour que vous respectiez ces lieux et ces règles, quitte à punir les sans-gêne ou à écourter le séjour si tout le monde se comporte comme à l’ouverture du Black Friday aux Etats-Unis. Moi qui hait les touristes bruyants et les drones, j’étais aux anges. Le groupe d’environ 90 personnes avec lequel nous étions était très respectueux et s’est plié avec joie à ces contraintes pour se faire le plus discret possible.

Des régulations sur le niveau de pollution des navires ont également été mises en place, afin de limiter voire interdire l’accostage aux plus gros ou plus sales. De nombreuses conférences sont dispensées à bord des bateaux, pour sensibiliser les passagers à l’écologie et à la préservation de la nature. Leur but avoué était de faire de nous des ambassadeurs de l’Antarctique, aussi bien pour faire venir de nouveaux clients, mais surtout pour participer à la protection de l’environnement. Et je dois avouer que cette expérience m’a changé. Je fais encore plus attention à ma consommation de ressources et j’évite le tourisme qui ne respecte pas la nature ni les animaux sauvages.

Pour synthétiser ma réponse à cette question : Faites attention avec quelle compagnie vous voyagez, et respectez scrupuleusement les règles sur place. Vous n’êtes pas chez vous en Antarctique.

Combien ça coûte ?

Le billet

Encore une fois, le tarif dépend de nombreux facteurs, comme la durée du voyage, la compagnie choisie, le type de cabine ou encore la période. Une croisière de 20 jours fin janvier dans une grande cabine avec fenêtres et balcon sur un bateau d’une compagnie de luxe peut dépasser les 30’000 $ américains par personne. A l’opposé, une compagnie plus modeste pourra vous proposer 10 nuits dans un lit superposé dans une cabine partagée début novembre à 5000 $. Heureusement, des solutions de dernière minute existent pour faire drastiquement baisser le coût des billets. J’en parle un peu plus bas.

Mais ce n’est pas tout ce que vous allez payer durant votre séjour. Voici les différentes dépenses qui peuvent faire gonfler la note et qui sont à prendre en compte avant de se lancer :

Le pourboire

Pas obligatoire, mais quand même vivement conseillé. Certaines agences l’incluent dans le billet, mais ça reste rare. Posez leur la question et si c’est à vous de le payez, ils pourront vous donner des indications sur le montant. Il faut compter une enveloppe pour l’équipage du bateau et une pour l’équipe de guides. Pour notre part nous avons donné au total 340 $US pour nous deux, pour un voyage de 11 jours.

L’équipement

Si comme pour nous cette croisière a été rajoutée à la dernière minute au milieu d’un plus grand voyage, vous n’avez pas forcément tout l’équipement adéquat. Prévoyez un budget pour acheter ou louer ce qu’il vous manque. Je ne connais pas les tarifs des locations, mais gardez en tête que les magasins à Ushuaia sont chers. Il y a toutes les marques connus, comme North Face ou Salomon pour ne citer qu’elles, et ce sont les mêmes niveaux de prix qu’en France. Pour les petits budgets, vous pourrez vous fournir dans la marque argentine Montagne, mais le prix se ressent sur la qualité. Vous trouverez une liste des choses à avoir un peu plus bas.

Les activités optionnelles

Selon les croisières, les compagnies, les bateaux et les places restantes, vous aurez accès à quelques activités optionnelles payantes, comme du kayak ou du camping. A titre d’exemple, sur notre croisière de 11 jours avec Polar Latitudes, le supplément kayak est à 895 $ pour 5 sorties et le camping entre 250 et 295 $ pour une nuit. Gardez bien à l’esprit que ces activités sont dépendantes de la météo. Durant notre expédition, le camping ainsi que la dernière sortie de kayak ont été annulés car les conditions n’étaient pas bonnes.

Les consommations à bord

Un bar était ouvert sur notre bateau de 16h à 23h et toutes les consommations y étaient payantes. Je m’attendais à des tarifs bien plus élevés, mais prenez ça en compte si vous voulez passer des soirées avec vos nouveaux amis autour d’une bière.

Les souvenirs

Evidemment. Qui ne veut pas ramener un souvenir d’une escapade comme celle-ci ? Vous trouverez plusieurs sources d’approvisionnement pour tout ce qui est t-shirt, cartes ou babioles en tout genre. Ushuaia pullule de boutiques de souvenirs, avec un large choix pour l’Antarctique. Durant votre croisière vous passerez vraisemblablement par Port Lockroy, une station britannique reconvertie en musée, boutique de souvenirs et poste. Comptez 2 £ pour un timbre pour l’Europe. En fonction de votre itinéraire, vous pourrez passer aussi dans la station chilienne González Videla, qui dispose également d’un minuscule musée avec quelques souvenirs en vente. Pour finir, la compagnie Polar Latitudes propose une boutique à bord du bateau, avec quelques vêtements ou cartes postales aux couleurs de la compagnie. J’imagine qu’ils ne sont pas les seuls à faire ça.

Quand réserver ses billets ?

Tout dépend de votre budget, de votre flexibilité et de votre goût du risque. Mais, on ne va pas se le cacher, principalement de votre budget.

Les billets plein tarif

Réserver le plus en avance possible vous donnera plus de choix au niveau des dates, des compagnies, des itinéraires et des activités optionnelles qui partent très vite. Beaucoup de personnes que nous avons croisées sur le bateau avaient réservé un an en avance, voire plus. Si vous le pouvez (financièrement, calendairement), cette solution vous assurera de partir.

Les promotions de dernière minute

C’est là où ça se complique, évidemment. Pour essayer de simplifier au maximum, plus vous vous rapprochez de la date de départ, plus vous aurez accès à des réductions importantes. Mais moins vous aurez de chance d’avoir des billets tout court. Ces billets sont à réserver à ceux qui comme nous n’avaient pas prévu cette destination et qui l’incluent dans un voyage au long court, ou à ceux qui se trouvent déjà dans le coin. Faire un aller-retour depuis la France en se disant qu’on va trouver des promotions de dernière minute me parait très risqué.

Nous avons pris contact environ une semaine avant notre arrivée prévue à Ushuaia avec plusieurs agences à la fois, par email ou par WhatsApp, comme Freestyle Adventure par exemple. Nous avons fini par réserver directement via Polar Latitudes 6 jours avant le départ pour une réduction de 50%. La cabine avec hublots pour 2 personnes pour une croisière de 11 jours nous est alors revenue à 6500 $US chacun au lieu de 13’000. Certains de nos camarades ont eu des promotions encore plus importantes en prenant le billet un peu plus tard. L’actualité du moment a fait que beaucoup de places se sont libérées en dernière minute, mais ce n’est clairement pas toujours le cas, surtout en plein mois de février ! Il vous faudra alors décider vous-même à quel moment (et à quel montant) vous arrêtez de risquer le fait de ne pas pouvoir partir en Antarctique. Et c’est assez stressant.

Mais si vous vous posez la question, je ne regrette pas un seul instant d’avoir mis cette somme (qui représentait à l’époque notre budget voyage pour environ 5 mois).

Qu’est-ce que j’emmène ?

En Antarctique il fait froid. Mais il ne fait pas si froid que ça. Je vous conseille d’éviter les gros vêtements trop chauds et de préférer la technique de l’oignon, à savoir une superposition de couches. Si vous n’avez pas tout ce qu’il faut ou si vous êtes limités en place, vous pourrez trouver votre bonheur à Ushuaia. Sur l’avenue San Martin, les magasins de vêtements techniques se bousculent pour vous vendre ou même vous louer le nécessaire pour que votre aventure se passe au mieux. A savoir que sur certains bateaux il y a un service de laverie. Le nôtre en proposait un, mais vraiment hors de prix…

Voici à mon sens une liste de choses à emmener sur le bateau :

Les indispensables !

  • Des couches de base chaudes (legging, t-shirt manches longues, grosses chaussettes)
  • Une parka waterproof et coupe-vent. Certaines compagnies en fournissent, vérifiez si c’est le cas de la votre.
  • Un pantalon waterproof. Un bon pantalon déperlant peut suffire, mais il faut espérer qu’il ne pleuve pas trop durant les sorties.
  • Un pull chaud et respirant
  • Une bonne paire de gants de montagne. On a été trop léger sur les gants et on l’a un peu regretté.
  • Un bonnet
  • Un tour de cou ou une écharpe
  • Des lunettes de soleil
  • De la crème solaire
  • Du baume à lèvres
  • Des chaussures fermées confortables avec une semelle adhérente pour se balader dans le bateau et sur les ponts.
  • Le passeport. Ca parait une évidence, mais il vaut mieux ne pas l’oublier, n’est-ce pas ?
  • Une assurance qui vous couvre là-bas.

Pour les photographes

  • Un joli téléobjectif pour faire des gros plans de manchots ou pour les baleines qui restent un peu trop loin.
  • Un grand angle pour les paysages magnifiques.
  • Une deuxième batterie. Avec le froid, les batteries se vident plus vite. Mon appareil hybride est gourmand et j’utilisais quasiment une batterie par sortie.
  • Des cartes mémoires de rechange ou un PC pour les vider.
  • Une housse étanche, avec un accès simple et rapide. Etanche pour les balades en zodiac et accès rapide car les baleines ne vont pas attendre que vous soyiez prêt pour sauter hors de l’eau. Il faut pouvoir dégainer vite.

Les GoPro sont vraiment pas mal car vous pourrez filmer sous l’eau si vous avez la chance de voir des animaux marins d’assez près. Un des passagers de notre bateau a pu filmer un petit rorqual alors qu’il passait sous son zodiac, la vidéo est impressionnante !

Pour ma part, j’avais un Olympus E-M5 mark ii avec un objectif 14-150. Parfait pour le grand angle, j’étais un peu limité pour les prises de loin.

Pour s’occuper

Vous n’aurez pas énormément de temps libre, entre les conférences, les sorties, les repas et les rencontres. Sur notre bateau, il y avait même une magnifique bibliothèque avec énormément de livres sur l’Antarctique, sur sa faune et son Histoire. Pour se poser un peu l’après-midi ou avant de dormir je vous conseille quand même d’emmener un livre ou une liseuse électronique. Pour les photographes, prenez votre PC portable, ça vous permettra de stocker vos photos et d’en commencer le tri. Normalement vous prendrez énormément de photos, donc vous aurez de quoi faire.

Le Passage de Drake et le mal de mer

Cette célèbre étendue située entre la pointe sud du continent américain et la péninsule antarctique bénéficie d’une funeste réputation et peut en effrayer plus d’un.

C’est un passage obligé pour se rendre en Antarctique depuis l’Amérique du Sud, mais rassurez-vous, il n’est pas aussi horrible qu’on le dit. Enfin, pas tous les jours. Mes deux expériences de sa traversée furent assez différentes. L’aller a été très calme, mais le retour s’est montré un peu plus agressif. Alors, comment bien se préparer à ce passage ?

La règle des 5 F

Afin de mettre le plus de chances de son côté pour éviter le mal de mer, souvenez-vous des 5 choses à combattre : le Froid, la Faim, la Frousse, la Fatigue et la Foif. Couvrez-vous bien, mangez régulièrement (un petit truc à grignoter toutes les 3-4 heures), occupez vous l’esprit pour ne pas penser à l’éventuelle peur de couler ou d’être malade, reposez-vous et hydratez-vous sans attendre d’avoir soif. Attention, ce n’est pas de la magie ni un remède miracle. Ca met simplement dans de meilleures dispositions pour ne pas avoir le mal de mer, mais ce n’est évidemment pas garanti à 100%.

Médicaments ? Patch ?

Si vous avez l’habitude de prendre quelque chose contre le mal de mer, amenez-le pour la croisière. Des médicaments étaient disponibles gratuitement à bord de notre bateau (et je pense qu’ils font tous un peu pareil), mais il s’agissait de Méclozine, qui a une forte tendance à endormir. Je n’ai pas été malade, mais j’étais cassé toute la journée. Nous avons croisé énormément de monde avec des patchs de parasympatholitiques et il semblerait que ce soit plus efficace que des comprimés type sédatifs ou antiémétiques. Si vous le pouvez, demandez conseil à votre médecin pour savoir ce qu’il peut vous recommander.

Et au pire si tout ça ne marche pas, dîtes vous que la traversée du passage de Drake ne dure que 40h environ et que vous n’allez pas rater grand chose si ce n’est l’océan à perte de vue (et quelques conférences). Une fois arrivés aux îles Shetland du Sud, tout ira bien.

Dernier conseil : n’allez pas chercher des vidéos sur Internet du passage de Drake, car vous ne trouverez évidemment que les pires cas possibles, qui pourraient vous faire passer l’envie de participer à cette magnifique aventure.

J’espère que je vous ai donné envie d’y aller si vous hésitiez ou que je vous ai aidé dans votre organisation si vous étiez déjà décidé. N’hésitez pas à poser d’autres questions en commentaires, je me ferai une joie d’y répondre et de mettre à jour l’article si besoin.