Après les distilleries de pisco de la vallée de l’Elqui, on change de région mais on reste dans la viticulture avec Santa Cruz et ses nombreux vignobles de la vallée de Colchagua.

Santa Cruz, petite ville pas folichonne

Située à 3 heures au sud de Santiago, c’est une étape parfaite pour une ou deux journées. Le centre-ville de Santa Cruz n’a rien d’exceptionnel. A part la petite place centrale et l’église qui y est collée, le reste n’est pas vraiment beau. Les quartiers résidentiels sont déjà bien plus intéressants, très fleuris et composés de jolies maisons.

Comment y aller : Bus depuis le Terminal Sur de Santiago • 3h de trajet • 2500 CLP (2,80€) • NB : Plusieurs compagnies font ce trajet de manière très fréquente. Par contre elles ne mettent pas toutes la même durée. Certaines sont en mode omnibus et mettent facilement 1h de plus. La compagnie Andimar a des trajets toutes les heures environ.

Colchagua, le pays du vin

Le principal intérêt (pour ne pas dire le seul) de Santa Cruz est la profusion de vignobles aux alentours. C’est l’endroit idéal pour découvrir les vins chiliens avec les formules à la mode ici : visite + dégustation. Attention pour ceux qui ont l’habitude de faire des dégustations en France où c’est gratuit la plupart du temps, ici il s’agit plus d’une formule touristique qui comprend dans la plupart des cas une visite guidée de la propriété et une dégustation de 2 et 4 vins différents. Du coup, bah c’est pas donné. On était parti pour louer des vélos et se faire une petite route des vins sur une journée, notamment dans la petite vallée Apalta, qui regroupe 5 ou 6 vignobles, mais ça allait nous revenir bien trop cher donc on a choisi un seul vigneron et on y est allé en colectivo.

Viña Montes : bons vins et chants grégoriens

Notre choix s’est porté sur la Viña Montes (dans cette fameuse vallée Apalta), dont le vin était cité comme un des meilleurs du pays dans la revue du vin français de je ne sais plus quelle année. En plus ils ont un joli site internet sur lequel on peut réserver le tour en choisissant l’horaire. On a choisi midi, pour pouvoir profiter de la matinée, mais on a quand même réussi à arriver en retard. On a raté la petite balade dans le vignoble de la propriété et on a pris le train en marche pour la fabrication du vin et l’histoire de la maison. Mais le meilleur est pour la fin, avec la visite de la cave où vieillissent leurs vins les plus prestigieux, suivie de la dégustation tant attendue. La cave était impressionnante. Conçue en amphithéâtre, les barils de vins sont placés en arc de cercle faisant face à l’entrée. Le plus dingue ? Les chants grégoriens diffusés dans cette cave pour soi-disant faire mieux vieillir le vin.

Au programme de la dégustation, 4 vins différents. Un Chardonnay blanc de 2015, pas mal du tout. Le Outer Limits Wild Slopes de 2016, un rouge particulier et assez bon, combiné de Carignan, Grenache et Mourvèdre. Un Montes Alpha Carmenère de 2018, un vin rouge assez différent de ce qu’on connait et pour cause, le Carmenère n’existe plus en France (j’en parle un peu plus, juste en-dessous). On a terminé par un vin de leur gamme de prestige « M » de 2017, composé majoritairement de Cabernet Sauvignon pour lequel on a vraiment senti la différence par rapport aux autres.

Nous avons fait la visite avec un couple d’américains et la guide chilienne. Lorsqu’ils ont appris que nous sommes français, nous sommes devenus instantanément d’éminents oenologues à leurs yeux. Et nous avons eu droit à des questions marrantes comme « En France, c’est vrai que vous prenez du vin à tous les repas ? ».

Comment y aller : Prendre un colectivo à la station située juste à côté du supermarché Lider • Il s’agit de taxis jaunes, avec Apalta indiqué sur le panneau du toit • 1000 CLP par personne (environ 1,15€)
Tarif : Le tour « Angels » que nous avons fait coûte 16000 CLP (18€) par personne et dure 1h30 • la bouteille de Montes Alpha est à 9000 CLP (un peu plus de 10€)

Le Carmenère, le cépage perdu

Le nom sonne très français, mais ne me disait rien du tout. Je ne prétends pas connaître tous les cépages français, mais quand même. Surtout que c’est très connu ici, on trouve du Carmenère vraiment partout. Voici son histoire.

Comme beaucoup de cépages présents au Chili, le Carmenère a été importé de France sous le nom de Merlot, tous deux originaires du bordelais. Si physiquement les deux pieds se ressemblent, ils ne se récoltent pas au même moment et n’ont pas les mêmes saveurs. Les chiliens l’ont donc souvent nommé « Merlot chilien ».

Pendant ce temps-là, en Europe, le phylloxera fout le bazar. Si bien qu’au XIXe siècle, le Carmenère disparait. Le croisement nécessaire à la survie du cépage a dégradé le raisin et il sera alors abandonné.

Ce n’est qu’en 1991 qu’un oenologue français, Claude Valat, remarque ces pieds de Merlot chilien et décide de trouver ce qu’ils sont réellement. Après trois ans de recherches et d’analyses ADN, il découvre qu’il s’agit de pieds de Carmenère, le cépage perdu. En 1998, le Chili reconnait officiellement ce « nouveau » nom. Depuis, il est replanté en France dans la région du bordelais et connait un regain d’intérêt.

Pour l’histoire (et parce qu’il était bon), on en a pris une boutanche, qu’on a dégusté durant notre semaine à Pucón !

Il était une fois… l’histoire du Chili

Pour les férus d’Histoire, pour ceux qui veulent se cultiver ou pour ceux qui ont quelques heures à tuer avant de prendre un bus, le musée Colchagua est parfait. Il présente l’histoire de l’Amérique du Sud et plus particulièrement du Chili depuis l’apparition de la vie sur Terre jusqu’à nos jours, en passant par la civilisation inca, la colonisation espagnole, les guerres d’indépendance, ou encore l’incident de la mine de San José. La dernière salle est consacrée à cet évènement bloquant 33 mineurs pendant plus de deux mois à 720m de profondeur survenu en 2010 et c’est assez émouvant.

L’audio-guide en français inclus dans le prix du billet permet de bien comprendre toutes les salles et de faire durer la visite pendant environ 4 heures.

Adresse : Av. Errázuriz 145, Santa Cruz, O’Higgins, Chili • Tarif : 7000 CLP (8,50€)

Où manger ?

Sorbo Café

Situé sur la rue principale de Santa Cruz, ce café caché (il faut s’engoufrer dans un petit passage, puis monter à l’étage) dispose d’une salle assez grande et d’un long balcon. A la carte, les plus gros sandwichs que j’ai jamais vus. Quand on en a commandé un chacun, la serveuse nous averti : « ils sont très gros, la plupart des gens en prennent un pour deux ». On avait très faim après notre périple en bus, alors on a décidé d’outrepasser son conseil. Quand les assiettes sont arrivées devant nos bouches bées, la serveuse a répliqué : « aucun commentaire, je vous avais prévenus ». J’ai réussi à finir le mien et Elodie en a emporté environ un tiers dans un doggy bag.

Leur taille nous rassure cependant au niveau de leur prix, car on les trouvait très chers. Mais vu qu’il y a à manger pour deux, au final c’est cohérent. Et si ça ne suffisait pas, ils sont très bons.

Adresse : Av. Rafael Casanova #158 • au fond du passage, prendre l’escalier à gauche, juste avant le café « ¿Quequería Isabel? » • Tarif : 8000 CLP le sandwich (environ 9€)

Ommi

Ce café-pâtisserie propose un bon choix de gâteaux et tartes, avec quelques boissons pour accompagner le tout. La tarte au citron meringuée est excellente et la limonade gingembre-menthe un délice. On peut profiter de leur petite terrasse quand il fait beau.

Adresse : Claudio Cancino 21 • Tarif : 6000 CLP pour 2 parts de gâteaux et une limonade (un peu moins de 7€)

Aldea Natural

Ce petit établissement aux abords d’un quartier résidentiel propose des empanadas maison, avec des options végétariennes et véganes. Les boissons (maison aussi) sont excellentes et le lieu est très agréable.

Adresse : 21 de Mayo 299 • Tarif : 7500 CLP (8,50€) pour 2 empanadas et 2 boissons maison

Où dormir

Nous avons passé notre séjour dans une chambre de la Casa Roble Añejo, un Bed & Breakfast situé à environ 15 minutes à pied du centre-ville, en plein coeur d’un joli quartier résidentiel. Hugo, le propriétaire des lieux, est très attentionné et disponible. Il fait l’effort de parler très lentement (parfois un peu trop même) pour être sûr qu’on le comprenne bien. Et il sert de magnifiques petits déjeuners à base de produits locaux et de saison.

Adresse : El bosque 1029 • Tarif : 24495 CLP (28€) pour une chambre double avec salle de bain commune et petit déjeuner inclus

Retour ensuite à Santiago, pour enchaîner avec un bus de nuit pour rejoindre notre première étape de Patagonie : Pucón.