Figurez-vous qu’autour de Cusco, il n’y a pas que le Machu Picchu. Il y a même toute une vallée. Elle relie l’un à l’autre, elle est sacrée, elle est remplie de sites archéologiques à visiter et si vous voulez y vadrouiller vous allez forcément entendre parler du boleto turístico. On a profité de notre séjour de deux semaines à Cusco au retour du Machu Picchu pour visiter ces sites. Et ça va de « ok ça claque » à « c’était nul non ? », avec pas mal de crans entre les deux.

Le boleto turístico : kezako ?

Il s’agit du pass qui va vous donner accès à la plupart des sites de la vallée sacrée. Pas à tous, sinon ça serait trop simple. 16 sites sont présents sur ce boleto, avec en vrac des sites archéologiques (des ruines quoi), des musées ou des monuments :

Saqsaywaman, Q’enqo, Puka Pukara, Tambomachay, Pisac, Ollantaytambo, Moray, Chinchero, Tipón, Pikillaqta, Monumento a Pachacuteq, Centro qosqo de arte nativo, Museo de sitio de Qorikancha, Museo de arte popular, Museo de arte contemporáneo et Museo histórico regional.

Pour accéder aux sites présents sur le boleto turístico, vous êtes obligés de le prendre, sinon ça serait trop simple (encore une fois). Autrement dit, même si vous ne voulez voir qu’un seul de ces sites, il faut quand même prendre ce truc. Très bien rentabilisé si on a le temps, mais c’est un peu l’arnaque si on passe en coup de vent.

Combien ça coûte ?

Il en existe plusieurs versions. La plus intéressante si vous avez le temps est la complète, avec salade, tomate, oignon et la totalité des 16 sites. Il est valable 10 jours à compter de la date d’achat et il coûte 130 soles (environ 35€).

Si votre temps est compté et que vous voulez vous concentrer sur quelques sites seulement, le gouvernement péruvien a pensé à vous. Vous pouvez choisir l’un des trois boletos partiels. Ils coûtent 70 soles chacun (19€) et sont valables 1 ou 2 jours selon le circuit choisi.

Le circuit 1, avec 4 sites archéologiques proches de Cusco : Saqsaywaman, Q’enqo, Puka Pukara et Tambomachay. Il n’est valable qu’une seule journée, mais ces sites sont vraiment proches (et pas gigantesques).

Le circuit 2, aka le circuit citadin, avec pas moins de 8 sites, dont 6 musées et monuments du centre de Cusco plus les sites de Tipón et Pikillaqta. Clairement, c’est le circuit à éviter (je vous explique pourquoi plus bas). Si vraiment vous voulez perdre vos rares jours sur place à faire ces musées, ce boleto est valable 2 jours.

Le circuit 3 est vraiment le plus intéressant à mes yeux. Il regroupe les 4 sites majeurs du boleto à savoir Pisac, Ollantaytambo, Chinchero et Moray. Par contre il faudra faire ces sites en 2 jours seulement, donc va pas falloir trainer dans les colectivos et préférer des tours organisés.

Les boletos peuvent être achetés à l’entrée de quasiment tous ces sites. Seuls deux musées de Cusco ne le proposent pas, mais vous pourrez l’acheter pas loin.

Dans la vallée de Cusco

Plusieurs façons de visiter la vallée sacrée sont possibles : en se basant quelque part et en gravitant autour, ou en itinérant. Comme la plupart des touristes, nous avons choisi Cusco comme camp de base et avons commencé notre exploration de la vallée sacrée par Ollantaytambo, sur le chemin pour revenir du Machu Picchu.

Ollantaytambo

Derrière ce nom imprononçable, se cache une petite ville très charmante, qui fut un point de contrôle sur la route du Machu Picchu, puis une forteresse inca lors de la résistance contre les conquistadors espagnols. La ville a toujours encore l’architecture inca d’origine et même l’écoulement des eaux de cette époque. Située à peu près à mi-chemin entre Aguas Calientes et Cusco, elle est une étape toute trouvée si vous prenez le train pour aller ou revenir du Machu Picchu. Nous nous y sommes arrêtés une nuit sur le chemin retour et en avons profité pour visiter ses deux principaux sites.

Sitio arqueológico de Ollantaytambo

Présent sur le boleto turístico, il s’agit des ruines d’un complexe militaire, religieux, administratif et agricole. On peut y voir notamment les fameuses terrasses incas, un temple du soleil et un système d’utilisation de l’eau (qui fonctionne encore) pour alimenter des fontaines et des bains. Un petit sentier part de l’autre côté de la montagne pour atteindre le joli point de vue Inka Watana. Le tour complet du site nous a pris environ 1h30.

Sitio arqueológico Pinkuylluna

C’est un incontournable d’Ollantaytambo pour moi pour deux simples raisons : il offre une vue imprenable sur la ville et sur la forteresse et surtout son accès est gratuit ! L’entrée de ce site se trouve sur la rue Lares, au nord-est de la Plaza de Armas. Le sentier grimpe pas mal et n’est pas hyper évident par moment, mais ça vaut le coup. Comptez une heure environ pour en faire le tour. Petit bonus, il n’y a quasiment pas de touristes !

Où dormir et manger à Ollantaytambo ?

Par la beauté de ses rues, mais aussi par sa proximité avec les sites de Maras et Moray (deux autres incontournables de la vallée sacrée), Ollantaytambo est un très bon choix pour passer au moins une nuit.

Nous avons dormi à l’hôtel Mama K’illa, idéalement situé à mi-chemin entre la Plaza de Armas et le site de Pinkuylluna. La chambre était confortable, l’eau chaude, le buffet du petit déjeuner très correct et l’accueil sympathique. Petit bonus : un accès au toit avec une superbe vue sur les ruines. Le tout pour 69 soles (19€) la chambre double avec salle de bain.

Nous avons également testé deux bons restaurants. L’Alma Amor Wellness & Vegan Restaurant propose un menu du jour (soupe + plat) qu’Elodie a bien apprécié, quelques plats à la carte et de très bons jus. J’ai testé le Tacu Tacu, un plat traditionnel à base de riz et de haricots bien aromatisés, excellent. Le Hearts Café propose également un menu du jour, en plus d’une carte classique. Nous avons testé et approuvé leurs hamburgers (vegan pour Elodie et au poulet épicé pour moi).

Comment se rendre à Ollantaytambo ?

Nous n’y sommes pas arrivés depuis Cusco, mais par le train d’Aguas Calientes. Pour en repartir, nous avons pris un taxi partagé depuis la Plaza de Armas. Nous avons payé 12 soles chacun (un peu plus de 3€) et le trajet a duré environ 1 heure pour nous amener à la Plaza de Armas de Cusco.

Maras et Moray

Ces deux sites sont situés autour du village de Maras, et sont suffisamment proches pour que tout le monde les regroupe. Ils font également parti des sites les plus impressionants de la vallée.

Les salineras de Maras

Il s’agit de bassins utilisés pour récolter le sel issu d’un ruisseau saturé en chlorure de sodium. Ils sont encore en activité aujourd’hui et une coopérative regroupe les quelques centaines de familles qui possèdent les 3600 bassins. Quand on y est allé, on ne pouvait pas accéder du tout aux bassins, donc la visite a été très courte, mais il semblerait que ce soit possible peut-être à une autre période de l’année. L’accès aux salineras de Maras n’est pas compris dans le boleto turístico et coûte 10 soles par personne (2,60€). Attention à ne pas confondre avec le village de Maras. Les salineras sont situées 5 kilomètres plus au nord environ.

Les terrasses de Moray

A environ 5km à l’ouest du village de Maras se trouve le site de Moray, inclus dans le boleto turístico. Ces terrasses aux formes impressionnantes de perfection étaient utilisées comme un centre de recherche agricole inca. Les différents étages abritaient plusieurs micro-climats permettant à la fois de simuler différentes conditions climatiques mais aussi de cultiver des centaines d’espèces de plantes dans un espace réduit. J’aurais bien aimé descendre au fond des terrasses pour constater la différence de température, mais l’accès y était interdit.

Comment se rendre à Maras et Moray : notre périple en solo

La solution la plus simple et surtout la plus efficace est de passer par une agence. Vous en trouverez une centaine à Cusco proposant le circuit Maras – Moray, avec un guide et un groupe de copains touristes pour environ 40 soles par personne.

Ces sites sont également faisables par soi-même, mais soit ça coûtera plus cher, soit ça vous demandera de marcher quelques bons kilomètres. Je vous conseille de vous armer de l’application Maps.me, qui indique pas trop mal les chemins à emprunter. Après avoir hésité entre les deux options, on s’était décidé pour passer par une agence. Sauf qu’on n’a jamais eu de confirmation de leur part, donc on a changé notre fusil d’épaule au dernier moment pour partir en solo.

Depuis Cusco, rendez vous au croisement de l’avenidad Grau et de la rue Pavitos pour prendre un colectivo en direction d’Urubamba. Précisez au chauffeur que vous allez à Maras et il vous déposera environ 1 heure et 7 soles par personne plus tard au croisement de la route avec la piste (oui, plus d’asphalte ici) qui mène jusqu’au village de Maras. D’ici nous avons marché pendant un petit peu plus d’une heure jusqu’aux salineras, situés à 5km au nord du village.

Depuis les salineras, un sentier permet de rejoindre le village de Maras en moins d’une heure. Ne sachant pas trop à quoi nous attendre sur le reste de la journée et ayant croisé un chauffeur de taxi nous proposant de nous emmener à Maras pour 15 puis pour 10 soles, nous avons choisi cette option. Notre chauffeur a insisté pour nous emmener jusqu’à Moray, comme pour tous les touristes, car il ne comprenait pas que nous voulions marcher. En nous laissant à Maras, il nous a dit qu’il allait avoir le temps d’aller jusqu’à Urubamba (la ville du coin), de trouver des touristes, de les emmener jusqu’à Moray et qu’il allait nous retrouver là-bas. Bref, nous nous sommes mis en marche à travers champs (littéralement) pour rejoindre les terrasses de Moray. Cette randonnée nous a pris environ 1h30 d’un bon pas, dans des paysages splendides.

 Une fois la visite de Moray terminée, je me suis dirigé vers le parking pour trouver un taxi ou un colectivo pour commencer le chemin du retour. Vous l’avez vu venir ? J’ai retrouvé notre copain chauffeur de Maras. Il nous explique qu’il attend un touriste (français aussi) pendant sa visite, mais qu’il peut nous déposer à « la pista » (le croisement avec la route qui mène à Cusco) pour 30 soles. Après d’âpres négociations et des menaces de repartir en marchant (il a vu qu’on en était capable à l’aller), il descend son prix à 20 soles. De toutes façons on n’avait clairement plus envie de marcher, donc on a dit oui. Il nous explique qu’une fois là-bas, on pourra prendre un colectivo qui passe ou même le bus pour retourner à Cusco. Il en profite également pour nous raconter un peu l’histoire du lieu. Taxi et guide pour le même prix, pratique. Entre temps, un couple de newyorkais s’est joint à l’expédition, si bien qu’une fois le français récupéré, on s’est retrouvé à 4 bien serrés à l’arrière du break sale et grinçant qui servait de taxi. Environ 45 minutes de piste sablonneuse plus tard, on reprend notre forme normale en sortant du taxi.

On se met sur le bord de la route et 10 minutes plus tard un vieux bus arrive. Le trajet que nous avons commencé debout a pris environ 1h30, mais ne nous a coûté que 4 soles chacun. C’était bien moins confort qu’un colectivo mais bon il a eu le mérite de passer en premier.

 

Petit bilan chiffré de notre journée

  • Durée totale de l’excursion : environ 8 heures
  • Prix total des transports : 52 soles pour deux (environ 14€)
  • Prix du billet de Maras : 20 soles pour deux (un peu plus de 5€)
  • Distance approximative en marchant : 12 km (essentiellement sur du plat à environ 3200m d’altitude)

Písac

Attention c’est magnifique. C’est mon coup de coeur de la vallée. Písac est un très grand site inca, composé de constructions militaires, religieuses et agricoles. Le point de vue sur la cité principale présente de fortes similitudes avec un certain Machu Picchu (mais en moins cher et moins peuplé). Beaucoup de terrasses incas sont visibles ici aussi, dont certaines encore utilisées. Pour visiter le site, deux options s’offrent à vous depuis le village (très joli aussi, profitez-en pour vous y balader) : grimper pendant environ 2 heures en traversant les différentes parties du site, puis redescendre en prenant un raccourci pendant un peu moins d’une heure. Ou alors prendre un taxi qui va vous amener directement en haut via la route. Vous aurez quand même un peu de marche pour tout voir car les ruines sont étalées sur une assez grande distance. Ce site fait partie du boleto turístico.

Comment se rendre à Písac ?

La solution colectivo est ici très simple. Allez au croisement des rues Puputi et Juan Santos (ici) et prenez un colectivo avec écrit Písac en gros dessus. Le trajet prendra 40 minutes environ (Sauf si comme nous votre colectivo tombe en panne et que vous devez attendre 30 minutes un nouveau véhicule) et coûtera 4 soles par personne. Il vous déposera juste après le pont qui marque l’entrée de la ville de Písac.

Pour le retour, même combat. Descendez la rue Pardo (c’est celle qui part de l’entrée du chemin menant aux ruines, impossible de se tromper) jusqu’à tomber sur un colectivo garé avec des gens à côté qui hurlent « CUSCOCUSCOCUSCO ». Même durée, même prix, il vous déposera au même endroit à Cusco.

Tambomachay – Puka Pukara – Q’enqo – Saqsaywaman

Tambomachay était une des demeures de l’inca Yupanqui et aurait été le lieu de sacrifice d’enfants et d’holocaustes (sympa).

 

Puka Pukara signifie « forteresse rouge » en langue quechua. Elle servait de point de contrôle sur la route entre Cusco et Pisac.

Q’enqo est un sanctuaire séparé en deux parties : El Grande, inclus dans le boleto turístico et el Chico, dont l’accès est gratuit.

Saqsaywaman (ou Sacsayhuamán) est une forteresse inca ainsi qu’un centre religieux et fut un haut lieu de la guerre entre les incas et les conquistadors espagnols au XVIe siècle.

Ce quadruplé de sites archéologiques se fait en quelques heures, car ils sont éparpillés sur la même route dans un rayon de 6km de la Plaza de Armas de Cusco. Encore une fois, plusieurs options sont possibles. La version simple, avec une agence dont le minivan va vous déposer devant chaque site. La version mi-simple, mi-marche, en prenant un colectivo pour Tambomachay (le site le plus éloigné de Cusco) et en rentrant à pieds en passant par les quatre sites. La version mi-marche, mi-marche, en faisait une jolie randonnée jusqu’à Tambomachay (un sentier à travers campagne permet de couper les virages et de ne pas suivre la route), puis en faisant les différents sites en redescendant par le même chemin.

On a choisi de faire la randonnée, surtout que le fait d’habiter à San Blas nous avançait un peu et nous épargnait les marches depuis la Plaza de Armas. On a mis un peu moins d’1h30 pour aller jusqu’à Tambomachay. Le deuxième site, Puka Pukara est à 10 minutes à pied. Q’enqo est situé à environ 10 minutes de San Blas, en coupant par une petite forêt, tandis qu’une des entrées de Saqsaywaman est située à l’extrémité nord de San Blas (ça grimpe un peu par contre).

Les sites de Tambomachay, Puka Pukara et Q’enqo ne sont vraiment pas grands. Vous pouvez compter environ 15-20 minutes par site. Saqsaywaman est plus grand et le tour complet nous a pris environ 1 heure. Ils sont tous présents sur le boleto turístico.

Les musées de Cusco

Honnêtement, je ne vais pas m’étendre là-dessus très longtemps. Nous avons fait 3 musées qui ne valaient vraiment pas le coup. Le musée d’art contemporain est une blague et les panneaux explicatifs du musée du site Qorikancha ressemblaient à des exposés de collégiens. Le centre d’art natif était fermé (quel dommage) et on n’a pas trouvé le musée d’art populaire (on ne s’est pas beaucoup forcé non plus il faut dire). Le seul intérêt que je vois à ces sites est de poinconner votre boleto pour satisfaire votre côté « complétionniste ».