Le Machu Picchu faisait parti des incontournables de notre séjour à Cusco. La grosse question qui s’est posée et qui nous a pris énormément de temps avant de trouver une réponse était « Comment y aller ? ». Parce qu’il y a plein de façons différentes pour s’y rendre et le billet global va de « cher » à « hors de prix ».
Dans un premier temps, nous avons creusé la piste de l’Inca Trail. Trek mythique de 4 jours et 3 nuits, qui emprunte la route que les Incas utilisaient pour se rendre au Machu Picchu. Les avantages : un trajet unique, une rando qui ne ressemble à aucune autre et l’arrivée au Machu Picchu par la porte du soleil et pas par la porte principale comme la plèbe. Les inconvénients : le prix, l’agence avec laquelle on était en contact nous demandait un peu plus de 600€ par personne et la météo avec de gros risques de pluie fin novembre. Au final, ces mauvais points ont eu raison de notre motivation et nous avons cherché un autre moyen.
Première chose à savoir : pour aller au Machu Picchu, il faut rejoindre Aguas Calientes, aka Machu Picchu pueblo. Il s’agit du village touristique qui s’est formé au début du XXe siècle au pied de la montagne et qui n’est accessible que de deux façons différentes : en train ou à pieds. Aucune route n’arrive jusqu’ici. 

Alors, qu’est-ce qu’on a fait au final ?

Après des jours et des jours de recherches, d’hésitations et de « tu veux faire quoi toi ? », on a finalement opté pour un compris. Nous avons décidé de prendre notre temps et nous avons prévu un périple de 5 jours aller/retour, en faisant une boucle. Ce qui avait le double objectif de nous permettre de voir différentes choses et de faire baisser un peu la note. 

L’aller

Pour le trajet aller, nous avons choisi ce qui est appelé la « route alternative ». Ou la route des pauvres. Mais des pauvres motivés. Ce trajet nous fait contourner complètement le massif où se situe le Machu Picchu par la route, en passant successivement par les villages de Santa Maria, Santa Teresa et Hidroeléctrica. Un long périple de 6/7 heures de transport, qui se termine par une marche de 3 heures le long de la voie ferrée qui relie Hidroeléctrica à Aguas Calientes.

Nous avions prévu de faire le trajet de Cusco à Hidroeléctrica en transport en commun. Pour cela, il faut prendre un colectivo ou un bus jusqu’à Santa Maria, puis un autre pour Santa Teresa, et enfin un dernier (ou un taxi) pour Hidroeléctrica. Mais on a appris par notre auberge que des compagnies font ce trajet d’une traite. Pas de changement, pas d’emmerde et apparemment moins de risques surtout en saison des pluies. La route empruntée pouvant être très compliquée lorsqu’il a plu, mieux vaut être dans un petit véhicule que dans un bus. Pas de problème au final car ce n’était que le début de la saison des pluies, mais ce trajet est fortement déconseillé entre décembre et mars. A cette période, il faut vraiment se renseigner auprès des auberges ou des agences pour savoir si c’est jouable ou pas.

Crevaison et tourista

Après un début un peu poussif (beaucoup d’attente à Cusco le temps de récupérer tous les passagers et une crevaison 5 minutes après le vrai départ), le trajet s’est bien passé. Nous avons traversé des paysages incroyables dans des vallées ou à flanc de montagne. Si vous êtes sensible au vertige, ne vous mettez pas côté fenêtre. La piste est par endroit si étroite que je ne la voyais plus sur le côté du véhicule.
Après un peu plus de 5h et quelques arrêts pour se dégourdir les jambes, la vessie (et l’estomac pour ceux qui ont mal vécu les interminables lacets en montagne) nous sommes arrivés à Santa Teresa vers 14h30. Nous étions les seuls à descendre ici, tous les autres ont continué jusqu’à Hidroeléctrica pour enchaîner avec la marche.
On pensait arriver plus tard donc nous avions réservé une nuit ici, mais avec ce mode de transport il est faisable (mais fatigant) d’enchaîner la route et la marche pour gagner une journée.

Nous étions quasiment les seuls touristes dans ce petit village sans aucun charme. Il s’agit vraiment d’une étape pour couper le voyage, car sinon aucun intérêt de s’arrêter ici. A part peut-être le jus d’ananas frelaté que j’ai bu dans une échoppe et qui m’a fait découvrir la tourista. Nous avons passé la nuit (un peu difficile pour moi) au VIP Jungle Lodge, au confort simple mais où le surclassement a l’air monnaie courante en basse saison. Nous avions réservé 2 lits dans un dortoir, mais nous avons finalement eu une chambre avec un lit double et une salle de bain privée pour le même prix. Le petit déjeuner est également inclus et avait l’air pas mal du tout (le seul truc que j’ai pu avaler étant un mate de coca, bienvenu avant 3h de marche sans rien dans le ventre). Le lendemain matin, notre hôte nous a réservé un taxi pour qu’il nous dépose au départ de la voie ferrée pour rejoindre Aguas Calientes.

Dix kilomètres et deux chiens

Après s’être enregistrés au petit bureau au départ de la randonnée (pour savoir qui chercher si ça se passe mal je pense), nous avons entamé la route, très rapidement rejoints par deux chiens qui nous ont suivi tout le long du chemin et qu’Elodie a baptisé Jérôme et Mani (ne me demandez pas pourquoi). Aucune difficulté sur cette route toute plate, qui contourne (encore une fois) le massif où se situe le Machu Picchu, en longeant la rivière Urubamba. Et franchement, ça vaut le coup. La randonnée est magnifique. Les péruviens voulant rentabiliser le truc, des stands se sont même installés le long de la voie ferré pour vendre des boissons, de la nourriture ou même des ponchos de pluie. On croisera également quelques restaurants en chemin. En basse saison, nous n’avons vraiment pas vu grand monde et beaucoup de stands étaient fermés, mais en pleine saison ça doit être un peu la foire. En bonus, on peut même apercevoir des bouts de ruines du Machu Picchu par endroit, loin en haut de la montagne. Ca fait monter la pression encore un peu plus.

Un peu moins de trois heures plus tard et après avoir laissé passer un train (oui, on marche sur son territoire et il est bien plus gros que nous, alors on laisse passer sans broncher), nous sommes arrivés à notre hôtel, bien cassés par la chaleur.

Infos pratiques pour notre trajet aller

  • Trajet Cusco – Santa Teresa : Départ depuis le centre ville / 5-6h de route / Tarif : 30 soles par personne (environ 8€)
  • Hébergement à Santa Teresa : 2 lits en dortoir au VIP Jungle Lodge (surclassés en chambre double) / Tarif : 40 soles (environ 11€)
  • Trajet Santa Teresa – Hidroeléctrica : 20 minutes de route / Tarif : 20 soles en taxi (environ 5€)
  • Randonnée Hidroeléctrica – Aguas Calientes : 12km sur du plat (sauf une petite grimpette de 5 minutes au début) / Entre 2h30 et 3h selon vos mollets

Aguas Calientes, pas si horrible

Nous voici donc rendus dans ce village incontournable pour accéder aux célèbres ruines. Et je dois dire que la première impression est plutôt positive. Je m’attendais à une sorte d’usine à touristes dont on a hâte de se barrer, alors qu’en fait… Bon, c’est une usine à touristes, ça on ne peut pas le nier. Mais je ne m’attendais pas à ce que le village soit joli. Le petit village est coupé en deux par la rivière et deux jolies promenades longent ses rives. La voie ferrée ajoute également un charme inhabituel et le fait que ce village soit entièrement piéton (à l’exception des bus pour le Machu Picchu qui circulent sur un tout petit bout de rue) le rend étonnament paisible malgré les « Ola amigos ! Pizzas ? Hamburguesas ? Pisco sour ? Happy hour ? » à chaque entrée de restaurant. Je pense clairement qu’en haute saison ça doit être bondé et potentiellement insupportable, mais fin novembre, c’était presque reposant.

Première chose à faire en arrivant à Aguas Calientes : aller acheter ses billets de bus pour atteindre l’entrée du Machu Picchu. Il est possible de le faire en marchant, mais il faut compter apparemment 1h30 pour se farcir 2000 marches. Sachant qu’on doit déjà se faire la montagne Machu Picchu, on a pris le bus. La descente se fera à pieds par contre.

Toujours dans la logique de prendre notre temps (et d’économiser de l’argent sur le trajet retour, j’en parle plus tard), nous avons passé deux nuits sur place, ce qui nous a permis de nous reposer après le chemin pour arriver ici, puis de nous reposer après la visite éreintante du Machu Picchu le deuxième jour.

Où dormir ?

Nous avions réservé au Luna Muna. Il est un peu excentré, mais vu que le village n’est pas grand ce n’est pas vraiment un problème. Tout est faisable à pieds et vous pourrez rejoindre l’arrêt de bus pour aller au Machu Picchu en 10 minutes grand maximum. L’hôtel est propre et le petit déjeuner inclus est disponible à partir de 5h du matin pour les départs pour l’ouverture du Machu Picchu.

Où manger ?

 Vous n’aurez aucun problème à trouver où manger, ce village n’est littéralement composé que d’hôtels ou de restaurants. Préparez-vous à payer plus cher que dans le reste du pays, l’aspect ultra-touristique du village et la difficulté de ravitaillement font grimper les prix. Nous avons testé deux restaurants : le premier, Patatas n’a rien d’exceptionnel et le second Full House est déjà bien meilleur pour la même gamme de prix (entre 30 et 40 soles pour un plat).

Machu Picchu !

Ca y est, c’est le grand jour ! Levés à 4h45, petit déjeuner à 5h, on l’engloutit pour filer dans la queue du bus le plus tôt possible. Oui, on achète le ticket la veille, mais les places dans le bus sont en mode premier arrivé premier assis. Bon par contre ça dépote le matin. Le premier bus part à 5h30, mais il y en a bien une dizaine facile qui sont partis quasiment à la queue-leu-leu. L’ouverture du site est à 6h, donc ils font tout pour que ceux qui ont pris leur entrée sur le créneau 6h-7h puisse y arriver le plus tôt possible. Attention, encore une fois il s’agit de la basse saison. En haute saison il faut probablement se lever encore plus tôt.

Pareil une fois en haut, la queue à l’entrée fait un peu peur, mais une fois les portes ouvertes ça dépote. Des guides sont présents avant les portes si vous voulez louez leurs services, mais malgré l’obligation d’en prendre un depuis quelques années, nous avons pu rentrer tous seuls sans problème. Bon par contre, il n’y a aucune explication sur le site, donc le guide n’est pas superflu si vous voulez piger un peu ce qu’il se passe à l’intérieur.

Une fois rentrés, on a tracé les lambins et les groupes qui s’attendent pour atteindre la maison du gardien, point de vue de la photo ultra-célèbre du Machu Picchu. Bon, ça se prenait déjà en selfie dans tous les sens, mais je m’attendais à pire.

La Montaña Machu Picchu, c’est haut mais c’est beau

Nous avions pris le billet avec la montaña Machu Picchu sur le créneau de 7h – 8h, et son accès n’est pas très loin de l’entrée principale. Nous avons donc décidé de faire la visite de la cité après. En arrivant, nous voyons des panneaux indiquant la porte du soleil vers la gauche. Nous décidons d’y aller en attendant l’heure d’entrée à la montagne. Au final, cette satanée porte est bien plus loin que ce à quoi on s’attendait et ça nous a pris environ 1 heure aller-retour. Une fois à la porte du soleil, nous avons croisé des groupes de l’Inca Trail. Alors ok, arriver au Machu Picchu par là c’est vraiment classe. Par contre en chier 4 jours pour débarquer sur un truc déjà plein de touristes, c’est un peu dommage…

Une fois revenus proche de l’entrée, nous passons le point de contrôle de la montagne Machu Picchu et commençons l’ascension. Le chemin est composé de plus de 2600 marches inégales et ça grimpe fort. Parfois tellement qu’on est obligé de s’aider de nos mains. Mais le jeu en vaut la chandelle et nous sommes récompensés un peu moins d’1h30 plus tard par une vue à couper le peu de souffle qu’il nous reste.

Une visite à sens unique

Une fois redescendus, nous nous sommes dirigés vers le pont inca, avec un passage très impressionnant et très étroit à flanc de falaise à la fin. Nous avons ensuite rejoint la masse de touristes pour faire le circuit à sens unique à travers les ruines de la cité. Les constructions et paysages autour sont magnifiques. Bon par contre, sans guide ça manquait un peu de contexte.

Vers midi nous avons rejoint doucement la sortie. C’est à ce moment là que nous nous sommes rendus compte du nombre de touristes présents ici. Il y a beaucoup moins de places disponibles pour l’ascension des montagnes, donc notre début de visite était très calme, mais vu que le chemin est en sens unique, ça créé un goulot d’étranglement au fur et à mesure de la fin du parcours. Les quelques dernières dizaines de mètres se sont même faites à la queue-leu-leu. Une fois dehors, Elodie a tamponné son passeport avec le tampon du Machu Picchu et nous sommes redescendus à pied jusqu’à Aguas Calientes.

Infos pratiques sur le Machu Picchu

  • Trajet Aguas Calientes – Machu Picchu en bus : 20 minutes de lacets / Tarif : 41 soles par personne (environ 11€)
  • Trajet Aguas Calientes – Machu Picchu à pieds : 1h30 de grimpette et 2000 marches
  • Billet d’entrée au Macchu Picchu : Entrée simple : 152 soles (environ 40€) / Entrée avec une montagne (Machu Picchu ou Huayna) : 200 soles (environ 55€) / Les billets peuvent être achetés en ligne sur le site officiel ou dans des points de vente officiels à Cusco ou Aguas Calientes. Mieux vaut réserver bien en avance si vous venez en haute saison car les places sont limitées. Fin novembre par contre nous avons pu avoir la date, les horaires et la montagne qu’on voulait seulement 4 jours avant.

Le retour à Cusco

Parce qu’on voulait quand même tester ce fameux train, mais qu’on ne voulait pas le payer plein pot, on l’a pris uniquement entre Aguas Calientes et Ollantaytambo, petite ville située dans la vallée sacrée. Si vous avez le temps (et que vous pouvez dormir dans autre chose que des hôtels à 500€ la nuit), une nuit supplémentaire à Aguas Calientes coûte moins cher que la différence de prix entre un train l’après-midi et le premier du lendemain matin (d’où notre deuxième nuit sur place).

Et on ne regrette absolument pas. Le train est assez luxueux et très confortable et on a eu un petit snack et un thé pour profiter au maximum des paysages grandioses pendant 1h45.

Nous avons passé la nuit à Ollantaytambo, pour avoir un peu de temps pour visiter cette ville et ses ruines, mais je vais en parler plus longuement dans un article dédié à la vallée sacrée et au « boleto turístico », le sésame du coin pour accéder aux sites touristiques majeurs.

Le retour s’est fait le lendemain midi. Nous avons pris un taxi partagé pour rejoindre Cusco en 1 heure environ. Nous y sommes alors restés deux semaines de plus et Elodie vous en dit un peu plus ici.

Infos pratiques pour notre trajet retour

  • Trajet Aguas Calientes – Ollantaytambo : 1h45 en train / Tarif : 202,80 soles par personne (environ 55€) pour le train de 8h30 du matin / A acheter en ligne sur incarail.com ou dans un des points de vente à Cusco (il y en a un sur la plaza de armas)
  • Trajet Ollantaytambo – Cusco : 1h en taxi partagé depuis la plaza de armas (on était 4 au total dedans) / Arrivée sur la plaza de armas de Cusco / Tarif : 12 soles par personne (3€)

Ce modeste récit ne présentant que notre expérience personnelle, si vous cherchez plus d’informations je vous recommande chaudement le guide ultime du Machu Picchu du blog Voyage Pérou pour tout ce qu’il y a à savoir. C’est une mine d’or mise à jour très régulièrement.